La présence de l'absence ou L'art de Pascale Charrier-Royer
de Christophe Vallée
Agrégé de Philosophie
Docteur d 'Université
La caractéristique de l'art de Pascale Charrier-Royer est l'effacement total du sujet au profit du motif, lui-même moment de la recomposition chromatique qui s'opère sous nos yeux. La surface colorée n'est que le reflet du palimpseste de chaque toile qui se veut l'expression du miroir de l'âme.
Aucune facilité dans cet acte de peindre: l'exigence ,la hauteur en sont les caractéristiques premières.
La peinture c'est d'abord une oeuvre et c'est bien ce que nous rappelle Pascale Charrier-Royer.
L'art est bien techné, métier, art, habileté de faire, de produire quelque chose qui n'est pas de l'ordre de la nature , de la physis, mais bien de l'ordre de l'aisthètikos, de l'esthétique, le beau sensible étant chez elle le beau comme expression des mouvements de l'âme. Le beau d' Harmonie (toile de 2009)vient
du fait qu'elle va tout de suite à l'essentiel, ce qui a trait à l'essence de peindre, cet énigme du voyant et du visible, ce fil ténu qui relie le monde des apparences entre elles. La beauté de l'oeuvre picturale de ce peintre est bien ce que Kant appelait une beauté libre, une beauté qui est littéralement
inutile,qui ne vise à aucune utilité, mais qui a trait à l'essentiel, à l'âme. Sa pure gratuité n'est que l'envers de sa nécessité, elle va droit à l'essentiel en se jouant du monde des formes. Le jeu chromatique mène le spectateur jusqu'à l'extrême pointe où le jeu peut à tout moment basculer vers le tragique: il y est question de Cours d'eau (toile de 2006) .
Pascale Charrier-Royer n'imite pas le réel comme le voulait le réalisme mais transfigure la notion même de réel. Imiter n'est pas le but de l'art : la reproduction ne pourra jamais rivaliser avec la nature. Elle joue le jeu des apparences chromatiques pour mieux situer un espace au-delà de
l'apparence, celui du sens auquel elle donne corps. Le jeu des titres et des toiles déjà nous indique qu'il faut faire fi du monde des signes pour découvrir une réserve inépuisable de sens propre à chaque grand artiste.
Il n'y a pas une interprétation cachée de l'oeuvre de Pascale Charrier-Royer: son acte créateur reste un acte unique, mystérieux, obscur non seulement pour l'auteur, mais aussi pour le voyeur que nous sommes et sans lequel le tableau n'existe pas. L'obscurité, le magma du processus qui aboutit à la
toile n'est pas rationnel. Il n'est pas un produit de la raison mais plonge au plus profond du mouvement de l'âme de chaque être humain.
Ce pouvoir littéralement démoniaque, selon l'acceptation grecque,qui l'habite guide son pinceau aussi sûrement que l'apparence picturale devient plus réelle que la réalité sensible. Si ,comme le dit Kant, le génie produit des oeuvres exemplaires, son travail de peintre donne ses règles à l'art. Elle
n'imite pas comme le voudrait l'art académique, prisonnier des reflets ondoyants de la mimésis; elle ne cherche pas une idée, un discours: elle voit ce qu'elle peint parce qu'elle ne peint pas ce qu'elle voit. Elle est un vrai peintre car elle s'est dégagée une fois pour toutes de la problématique de la
vérité, de la ressemblance. Son Miroir ( 2008) n'est pas un miroir, La Dame aux chapeaux (2008) n'en a pas, Le Berger (2006) n'a ni visage comme les grecs, ni brebis, Le Sourire (2006) n'est pas un sourire, l'Intimité (2006) ne montre rien mais cache tout.
Il n'y a pas de miracle propre à cette création qui est toute travail, engagement total de l'être dans ce qu'il peint. S'il n'y a pas de mystère propre à l'oeuvre d'art achevée, il en reste bien un du processus créateur ,ce Le Secret (toile de 2012) qui fait que toute toile de Pascale Charrier-Royer demeure une
énigme. Pourquoi une énigme ? Parce que l'irrationalité irréductible de l'acte créateur met en cause le rapport de l'imaginaire au réel . Sa peinture est bien un « irréel »: certes la toile, les couleurs, le pinceau sont bien réels; mais ce qui est beau, ce qui est littéralement une forme ne peut se donner
que par la médiation des sens qui fait un clin d'oeil à l'âme à la recherche du sens, de l'énigne de la signification, du mystère de l'herméneutique. Le but du grand artiste n'est pas de recréer le monde ,mais bien de le transfigurer: l'art de Pascale Charrier-Royer franchit un seuil invisible.La vérité de l'apparence qui nous est donnée à voir tient au fait qu'elle transcende ce qu'on voit dans le
monde des choses au profit d'une vision intérieure de l'âme en elle- même afin d'atteindre la quintessence du réel.
La peinture de Pascale Charrier-Royer ne peut être reçue que si l'on comprend bien que le propre du visible est d'avoir une doublure invisible d'où cette absence de visage de cet être qu'on ne peut pas nommer dans Regard d'Afrique ( 2006). A l'instar de Cézanne, elle ne veut pas le vrai, elle veut faire
apparaître l'invisible dans le visible. On ne peut travailler qu'à l'intérieur de soi-même; jamais le monde perçu ne nous expliquera la perception. L'acte de peindre vise bien à faire l'expérience muette de soi dans le monde arrive à l'expression pure de son sens.Le visible signifie que ce que Malraux appelait les voies du silence sont enveloppées et portées à une autre expression.Le
chromatisme des toiles de Pascale Charrier-Royer est bien l'expression du mouvement de l'être: cette peinture n'est pas impressionniste au sens où les Impressionnistes avaient détourné le regard des banlieues pour en montrer le seul reflet , c'est à dire la naissance de l'acte de peindre. Non seulement cette peinture rompt avec la représentation de la nature : celle-ci est un motif , non un mobile. Aucun vérisme dans La Potière (2006), La Fileuse (2008), ou Le travail des champs (2006).
La peinture de Pascale Charrier-Royer apparait bien comme la constitution d'une phénoménalité autonome. La logique de la sensation est organisée à l'intérieur de l'acte de peindre.
« Je vous dois la vérité en peinture et je vous la dirai. »,disait Cézanne. Nul n'a fait encore assez attention au dire de tout acte de peindre.Les aplats au couteau envahissent la toile tout entière,comme dans La montagne d'Ambre (2008) ,Mer d'Emeraude (2009) ou Parfum d'émotion (2006): c'est le sens du système de la hiérarchie dans laquelle les tons se classent. Pour toute surface
donnée ,un point est plus proche de l'oeil, ce qui fait que la toile est courbe.Le système de la profondeur devient immanent à l'opposition des couleurs comme dans La case à Korhogo (2008). Lapeinture n'a jamais commencé ,jamais ne sera achevée; elle est le point d'expression de la perception non des choses, mais de l'âme tout entière. L'énigme du visible de la toile fait écho à
l'écho de l'énigme initiale: ce visage qu'on ne voit jamais. L'image de la profondeur n'est qu'une image : l'écran-miroir qu'est la toile, comme dans Le Miroir (2008) ,nous fournit la clé de la compréhension picturale. Pascale Charrier-Royer esquisse l'horizon intérieur, parasite intérieur qui
fait que toute certitude disparaît. La peinture fait apparaître la profondeur dans toutes les occurrences du terme sans avoir recours à la logique du concept ou de la représentation.
La vision du tableau est bien suspendue au seul mouvement des yeux , du corps , comme dans Danse (2010) ou La danseuse de flamenco ( 2006); le mouvement n'est pas une décision de l'esprit.
Non seulement la chose, le tableau se meut devant moi comme le peintre devant sa toile,mais la peinture comme acte et comme perception n'existe que dans le mouvement ,comme dans Le flamenco endiablé (2006) .En un sens ,la toile est tout autant l'expression de moi-même que du peintre .
« La nature est à l'intérieur », disait Cézanne. L'image spéculaire de la peinture de Pascale Charrier-Royer est le miroir de l'âme, c'est à dire de l'essentiel.
De la série Vitrail- Exposition Institut français de Budapest-2011-
« Pascale, quel choc, tout chez elle est émotion, couleur , travail de la matière . Son regard sur la nature, ses voyages, des scènes de vie quotidiennes l'inspirent .( cf Retour du pêcheur, Parfum d'émotion, La tasse, Avant le dîner, Tulipe, Nénuphar, Danse ).
Pascale a commencé la peinture il y a 5 ans: l'aquarelle, puis la peinture à l'huile qui lui permet de travailler la couleur et la matière comme elle le souhaite. Elle est toujours à la recherche de nouveautés ….. »
C'est ce que disait Paule Roudaut de Pascale Charrier-Royer lors du vernissage de l'exposition "Quatu'art" au printemps 2010 à la galerie Mélange ,Budapest.
Je me devais donc cette année encore de créer « la Nouveauté » , d'essayer de me renouveler!
« Méditation », premier tableau de la série Vitrail, pourrait s'intituler « Réflexion sur Budapest » ,ou encore « Reflexion sur l'Art Nouveau « . Il est la traduction picturale à la fois de la question ,par le thème du tableau, que je me suis posée à mon retour en France,après un séjour de 3 ans passés à Budapest ,à savoir ce que j'ai apprécié le plus dans cette ville ,et il en est à la fois la réponse par sa forme, par son style influencé de Klimt,fondateur du groupe de la Sézession viennoise,symbole de l'Art Nouveau,mouvement avant gardiste ,qui se répand dans l'Europe Centrale,et dont Budapest reste un témoin privilégié de l'époque. Il est certain que mon séjour à Budapest a renforcé l'intérêt que je portais déjà à ce mouvement révolutionnaire et influencé le choix du thème de l'exposition.
« Méditation « est une stylisation égyptienne ,chérie par Klimt.
Le type féminin « Le peintre « aux chevelures abondantes,ondulées ,était chéri par Mucha.
« Rêve bleu » ou « Folies » répondent au thème de la mode ,également sous influence du courant artistique de l'époque avec la naissance des affiches publicitaires. Le mouvement Art Nouveau s'est étendu aux différentes disciplines, à l'architecture,la peinture, la gravure, et tout particulièrement aux arts décoratifs, ce qui explique le rôle actif et brillant qu'il joua dans la mode et la vie de société autour de 1900.
L'Art Nouveau a le mérite du non-conformisme.La source d'inspiration primordiale est la nature .Les décors floraux s'épanouissent en liberté dans un esprit décoratif (« Baladins », « Arc -en -Ciel « ). Il ne s'agit pas de transcrire les sensations que la nature nous procure, mais d'en analyser les détails et de leur faire subir des métamorphoses décoratives .
L'art Nouveau a en lui un fond mystique , proche du préraphaélisme, et qui se fond sous certains aspects avec le symbolisme. « Entre ciel et Terre », »Complicité », « Rendez-vous » , « l'onde du bonheur « ont été élaborés dans cet esprit , »contemporanisé » aux formes plus simples et plus dépouillées.
Dans les années 1870, des architectes, des peintres et des sculpteurs s'intéressent à la décoration intérieure et au décor architectural . L'idéal poursuivi par ce courant est de faire rentrer l'art et la beauté dans la vie quotidienne . C'est ainsi que par exemple Tiffany se tourne après la peinture vers la décoration intérieure et plus précisément vers l'art du verre .
On utilisera à partir de cette époque de plus en plus le vitrail et les carreaux de verre dans les intérieurs . L'art au lieu d'être une réalité à part, fait désormais partie intégrante du quotidien .
La série Vitrail se veut être aussi un clin d'oeil à l'art décoratif ,et plus spécialement à l'art du vitrail qui trouve son apogée à la même période. Car chaque tableau pourrait être aussi un vitrail .
On y retrouve les couleurs fondamentales bleu d'outre mer ,le turquoise, laque de garance,le doré et l'argent, fréquemment utilisées chez les maîtres verriers .
« Naissance » ou « L 'éclosion de l'art nouveau » ,sous sa forme de vitrail se compose d'une matière diversement opalescentequi enclot des fils métalliques .
Procédé que l'on retrouve également dans « Vitrail » , et « Dame nature « .
« Silhouettes » , "Vire-Volte ", tableaux de transition annoncent l'amorce d'un nouveau genre plus abstrait ,tout en conservant le même procédé.
De même que Tiffany ou Gallé étaient enchantés par les effets imprévus, accidentels, que le travail de ses verriers permettaient d'obtenir , de même j'ai eu envie de peindre les reflets de vitraux imprévus jetés par un rai de lumière sur la pierre, C'est ainsi que sont nés « L'ivresse » et « L'inconnu » ,fruits de l'imagination nourrie du hasard. Qui n'a pas vu se dessiner un visage,un arbre une silhouette, au hasard de la lumière dans un ciel parsemé de nuages ?
La page brillante et vite tournée de l'art nouveau a laissé des empreintes dans mon esprit. Est-ce la redécouverte d'une certaine magie de couleurs ravissantes ? N'est-ce pas seulement une espèce de kitsch ,une tendresse nostalgique pour les choses périmées? Une réaction contre les contraintes d'aujourd'hui ,un refus inconscient de la vie rythmée par la machine parmi des paralélipipèdes de béton ? une bouffée de romantisme, un désir d'évasion dans un passé assez lointain, pour s'embrumer de rêves, et trop proche pour être oublié ?
De la série "Nouveau monde" 2020
Ecrit par " Canoline Critik", critique d'art
Concernée par son époque et son temps, l’artiste montre l’avant et l’après de la construction d’un nouveau monde.
« La série « Nouveau Monde » est née d’un constat planétaire, d’une évidence de mettre en exergue une réalité objective telle que la montée des eaux, la pollution ou encore la disparition des espèces pour questionner l’homme et le mettre face à ses responsabilités. »
La valeur contemplative et atmosphérique de sa peinture offre un nombre incalculable d’apparences à l’état d’énigmes. Ce sont des terrains de questionnement dictés par l’aléatoire où le spectateur construit sa propre représentation. L’apparition-disparition répond à l’éloge du geste de l’artiste où tout est question de mouvement et de déplacement.
Les effets de textures, d’empâtements et de modulations à l’huile par ajout et retrait
à l’aide de couteaux, de brosses et de pinceaux sur toile orientent vers un équilibre dynamique, une impression de continuité qui aboutit à une abstraction élégante. Des accents vigoureux impriment la marque visible que l’artiste qualifie de « cicatrices de l’évolution. »
Des racines jusqu’aux cieux, ce véritable parcours lumineux de paysages réinventés, bousculés, recommencés apportent un morceau de rêve ; une porte d’accès vers le renouveau. Les mouvements descendants et ascendants participent à cette impression de trajectoire ouverte, vers une destinée que chacun peut composer.
La résonance de la nature est au cœur de l’œuvre. Elle examine l'impact du dehors vers le dedans, de l'intérieur vers l'extérieur. Ce panorama porte un soin particulier aux valeurs des couleurs qui abolit les frontières picturales.
« La nature est au centre du problème puisqu' il s’agit de la défendre pour notre survie. »
Des oiseaux messagers, guerriers, leaders de liberté sont annonciateurs d’une ère victorieuse. Dans cette logique de déploiement, une certaine pérennité picturale émane, c’est un repos, un arrêt suspendu dans les airs.
D’autres empreintes, des "Paysages intérieurs " invitent à la redécouverte de soi et à l’introspection spirituelle. C’est le cas aussi des portraits avec la série "Ensemble" qui sollicite une réaction, un face à face avec l’autre et soi-même.
« Pour que chacun se sente concerné. Car c’est l’affaire de tous. La solution passe par une réponse à la fois individuelle et collective. »
Ces témoignages esthétiques nous transportent pour tenter de définir le chemin individuel mais aussi la pratique de « l’être ensemble » en donnant une forme à l’espace qui nous relie et qui nous sépare pour nous réinventer.
Pascale Charrier-Royer délivre un message poétique et activiste où se mêle émotion et réflexion pour inviter chacun à rebâtir un monde nouveau, plus respectueux de la vie, des hommes et de la planète.
Extrait du livre de l'exposition "De la sagesse", 2020
De la série "Transition", 2021
Pascale Charrier-Royer, vers une nouvelle destinée
« Notre ère vit une période transitoire de métamorphoses, tout comme la vie qui s'y développe et qui doit s'adapter, à rebonds… »
Où va le monde, Transition, Métamorphoses, Rebonds, Évanescence sont des toiles récentes de l’artiste qui témoignent d’une nouvelle étape dans sa démarche artistique où il est question de bouleversements et d’évolutions. Pascale Charrier-Royer y décrit les signes de la transformation qui s'opère sur notre réel.
Des signes, des mots prolifèrent et se mettent en forme, en phrases, en réseaux autour des œuvres. Ils témoignent de ce monde visible en crise qui amorce une mutation majeure. Un message que chacun pourra ressentir comme une vibration universelle.
Dans cet univers, les espaces s’ouvrent et se rencontrent, percent le lien ténu entre les temporalités qui figent l’instant sans paradoxe.
« Mes toiles La traversée, Passerelle, Lianes, Migration, En route, En mouvement font le lien entre le passé et le futur. »
La peintre témoigne des tiraillements entre deux mondes ; celui d’hier et de demain où les déchirures sont évoquées telles des failles visibles qui provoquent la rage et la colère.
« C’est un sentiment ponctuel, éphémère, nécessaire pour faire le deuil du passé. »
Propulsés dans un espace-temps indéfini, ces terrains créent une atmosphère de confusion et de désorientation. Leur valeur contemplative offre un état d’énigmes.
Entre exutoire et fascination, du chaos vers l’espoir, les toiles soulignent pourtant l’aspect inévitablement vital, d’une pulsion de vie. Des symboles de quête de bonheur, fédérateurs d’humanité sont ainsi évoqués dans les œuvres L'envolée ou encore L'ascension.
Dans le mouvement, sa peinture instinctive donne corps à des aplats, des lignes qui permettent de se faire face avec optimisme dans un jaillissement vivant, mouvementé, haut en couleur.
« La gestuelle est vive car il nous faut façonner notre destin, bâtir, agir et être dans l'action. »
Pascale travaille sur toile de lin. Elle utilise des pigments à l’huile qu’elle ordonne par la brosse et le couteau. Un véritable rapport de force se transmet au spectateur sous forme d’abstraction gestuelle qui participe à une trajectoire ouverte, une sensation de dépassement, au-delà de la limite, vers une nouvelle destinée qui revitalise la contingence.
Canoline Critiks.
Critique d’art
Le choix de la toile "Libre comme l'air" a été retenu en page 78 par la direction de publication de MIROIR DE L'ART.
" Lianes" et " Ascension " sélectionnées dans la revue Circle Quaterly Art Review, publiée par Circle Foundation For the Arts.
La toile "En route" sélectionnée par ArtIDEAL
De la série "Parce que tout s'envole", 2022
Pascale Charrier-Royer, entre force et fragilité
" Je souhaite montrer la volatilité de la vie, des sentiments, de notre planète et son interdépendance avec notre cosmos. Comme le vent et l'air, tout nous échappe..."
Réalisée à l'huile sur toile, la nouvelle série de Pascale Charrier-Royer "Parce que tout s'envole" célèbre l'éphémère qui se cache dans les multiples combinaisons possibles du monde. Ses oeuvres sont un lieu de relecture de l'environnement où la force des éléments est déterminante pour la quête du devenir.
"Cette série est née d'une réflexion sur la force et la fragilité à la suite du spectacle de danse "Zéphir" de Mourad Merzouki auquel j'ai assisté en janvier 2022. C'est un dialogue entre le souffle et la danse où les danseurs se livrent à un véritable corps à corps avec les vents marins."
Dans cette série, chaque oeuvre adopte des occasions de mutation en acquérant une identité autonome, inédite, figeant ainsi des états transitoires et fugaces et en rendant permanents les états les plus évanescents.
L'artiste libère sa touche de toute contrainte et parsème l'espace de ses empreintes abstraites; des traits, des courbes, des tourbillons colorés. Certains sont très grraphiques et s'apparentent même à des figures totémiques ou calligraphiques, d'autres sont plus discrètes et plus légères.
Un souffle cosmique se déploie ainsi comme une vibration universelle. Le procédé chromatique offre une perspective secrète, la création d'espaces cachés intégrés dans la profondeur laissant surgir la révélation et la surprise picturale.
Cette peinture, aussi énergétique qu'atmosphérique, porte attention aux accidents, aux failles de l'essence originelle. Elle montre des fêlures générées par le mouvement, une sorte de chemin qu'emprunte l'énergie qui traverse la toile. Comme un éclair qui laisse sa trace dans le ciel, un tremblement de terre qui se propage, un vent vital d'une grande force poétique.
Ces incisions laissent surgir de la surface une révélation, un écho habité d'un espace-temps non défini. Dans cet instant, les circonstances déterminées de son geste se confrontent aux accidents involontaires de la création.
Ces marques temporelles génèrent la trace d' une histoire, d'une mémoire. Elles sont les failles d'un univers toujours en tension, entre la vie et la mort. Elles soulignent les potientalités d'errance et nous transportent dans une course contre l'immuable. Un véritable témoignage de présences qui se révèlent, s'effacent et que la peintre sauvegarde avant la disparition.
Pascale Charrier-Royer présentera "Parce que tout s'envole" en résonance avec la 16e édition de la biennale d'art contemporain de Lyon, Manifesto of fragility.
A cette occasion, elle présentera également une installation MURMURE à base de tulles et poystyrène (vidéo sur grand écran derrière des bandes de cercles de tulle emmêlés, liés, en mouvement.) Au centre de l'installation, sur une musique synthétique et lumière de Heidi Habb, une performeuse , Corinne Benzema, évoluera lors du vernissage.
Canoline Critiks
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